Les idées que nous avons sur ces sujets sont bien souvent assises sur des réalités anciennes (au moins 50 ans et souvent bien plus) et même très très anciennes pour tout ce qui a trait à la valeur morale associée au travail.

Ces conservatismes traversent les deux camps historiques (la droite et la gauche) et entrent en conflit avec les réformismes, des deux camps également. Il est particulièrement significatif que l’idée de revenu universel, initialement originaire du socialisme proudhonien et anarchisant du XIXème siècle, soit devenu un idée défendue pas les économistes libéraux (Jacques Marseille, notamment) et combattue par la gauche, puis repris à nouveau par certains socialistes.

Le mouvement des Lumières du XVIIIème siècle, avec sa radicalité d’alors, avait permis de faire la transition d’un monde essentiellement agricole-artisanal vers un monde industriel. Actuellement, il n’est malheureusement pas certain que nous disposions de tous les outils intellectuels qui nous permettront d’assurer sereinement la transition d’un monde industriel vers un nouveau monde où la production est de plus en plus assurée par les machines et où la plus-value est essentiellement humaine.

En effet, ce n’est pas si simple. Par exemple, certains ont théorisé une société « fabless » (mot anglais pour signifier une société de la connaissance qui sous-traiterait son industrie dans les pays à bas coût du travail) et ce fut un échec. Les nations qui ont laissé s’étioler leur industrie le regrettent maintenant, quand certaines, qui ont augmenté leurs capacités productrices, ont également progressé technologiquement.

Le domaine de la production, du travail, de l’emploi et des revenus, est un domaine où on peut facilement s’appuyer sur des constats très objectifs. Encore faut-il qu’ils soient effectivement établis, partagés, débattus,… afin de pouvoir ensuite donner corps à des idées d’avenir, dérangeantes mais productives de mieux-être et de progrès.