Le confinement lié au Covid19 a suscité quelques constats sur nos travers sociétaux, administratifs et politiques. Cela m’a conduit à rédiger la note ci-jointe dont le titre est « Refonder le fonctionnement politique et administratif en France : Nécessaire ? Possible ? Comment ? » mais qu’on peut aussi résumer en « Nous réformer ».
Dans cette note, il s’agit d’abord de montrer que nos dysfonctionnements sont très anciens (au moins 80 ans et même plutôt 150 ans voire encore plus) et que, avant de réformer les autres, il nous faut d’abord nous réformer nous-mêmes.
Je vais même un peu plus loin.
Il est souvent de bon ton pour nos élites de critiquer le peuple et d’affirmer qu’une réforme ne peut passer que par des changements de la majorité de la population et donc des classes moyennes et des classes populaires puisqu’elles représentent la très grande majorité de la population (de l’ordre de 70 à 90% selon qu’on prend des critères éducatifs ou financiers).
Cette attitude est à proprement parler totalement irresponsable. Les élites tiennent tous les levées du pouvoir et ne se sentiraient pas responsables ? Ce n’est pas sérieux et il faut donc établir qu’un mouvement de réforme ne peut passer que par une « auto-réforme » préalable des élites.
Bien sûr, affirmer une responsabilité des élites, pourrait suggérer qu’on juge, puis qu’on condamne : Hervé me fait remarquer qu(il y a de fortes probabilités que ce soit compris ainsi. Je précise donc que ce n’est absolument pas mon propos et que toute judiciarisation des erreurs du passé me fait horreur, tant pour la mesquinerie que cela dénote que pour les risques sur les libertés publiques.
D’autant plus que, qui jugerait et condamnerait ces élites ? D’autre élites, et donc à ce titre tout autant responsables des dysfonctionnements, que ce soit de façon active ou par abstention.
Si nous voulons vraiment réformer, il ne faut pas utiliser les anciens fonctionnements mais en inventer de nouveaux et commencer par absoudre toutes les erreurs…
… mais en actant qu’on a bien compris que c’en étaient et qu’on ne les répéteraient plus !
Quelles sont ces erreurs ?
– la primauté du verbe, du sentiment et de l’à-peu-près sur l’analyse rationnelle, le débat et la concertation
– l’absence de confiance
– le pessimisme
– et, résultat de tout cela, la sur-réglementation et la sur-judiciarisation de toute notre société
Bien sûr les conservateurs de tous poils argueront que ces défauts ne sont pas spécifiquement français et qu’ils existent parfois dans d’autres sociétés. Nous répondrons d’abord qu’ils sont plus prononcés en France que dans d’autres nations proches.
Le deuxième niveau de réponse est que nous n’ambitionnons pas de réformer les autres, mais nous-mêmes. Quand la France était à la pointe du progrès et admirée comme telle (aux XVII-XVIII-XIXème siècle, c’est vieux), elle ne cherchait pas, au-delà des frontières, de bonnes raisons pour ne pas progresser.
La conclusion est donc simple. C’est à nous Français de nous réformer, en commençant par les élites, car plus on est haut placé plus on a de responsabilité.
Mais pour réformer, il faut être convaincu que c’est nécessaire : c’est le but de cette note Nous réformer.
Richard Domps, animateur du volet gauche de VSVL